La carrière en son présent
L'exploitation des carrières dans le domaine de Fontainebleau présentait des similitudes avec les exploitations forestières :
généralement, un patron achetait les blocs sur pied, à l'instar d'une coupe de bois, et employait des ouvriers rémunérés à la
pièce (selon le cubage obtenu) pour tailler bordures de chaussées, bornes et polyèdres s'insérant dans des "ouvrages d'art" et
autres ponts... un travail de forçat.
Le trio, devenu quatuor avec Thérèse, a retrouvé la forêt de Fontainebleau.
Cette scène pourrait se situer aux alentours des Trois Pignons, ou tout simplement entre Arbonne et la plaine de Champfroid, près de la future maison du Chemin des Pâtis.
La batterie des barres à mines, masses, burins... a été conservée : autant d'objets que nous ne
soupesons qu'à grand peine ! - avec Alexandre, probablement vers 1936.
Jan à l'oeuvre dans sa carrière, en 1960.
Pour se faire une idée de l'aspect d'une carrière en cours d'exploitation, on peut se référer à la présentation en ligne de l'exposition de la BnF consacrée au photographe Gustave Le Gray, rubrique "repères, les photographes de Barbizon. Une photographie de Cuvelier, en 1863, nous montre justement
>>> une vue des "Sables de Macherin".
Polyvalent, mon grand-père forgeait lui-même ses outils.
Il ne faut pas imaginer un vaste cirque étagé ; ici les blocs sont exploités tels qu'on les trouve,
dans des clairières plutôt discrètes. Aujourd'hui protégé, l'environnement a donc absorbé en grande partie les traces de
cette intervention humaine, sous les frondaisons et les mousses.
Derrière ma grand-mère, probablement la carrière du Rocher
de la Vierge.
Après la 2e guerre mondiale, les blocs placés autour des charniers de la Plaine de Champfroid en manière de mémorial, ont été
donnés par les carriers à l'initiative de mon grand-père.
La perspective laisse cette fois peu de doutes : en compagnie de Jan, Anna, Thérèse et Simone,
nous dominons ici l'océan des arbres depuis le Rocher de la Vierge, où se trouvait une des carrières. Aux bras du sieur Kalina
l'on peut entrevoir l'intensité physique du labeur.
Témoins les précédentes photos, la très grande dureté du travail était parfois adoucie par la visite des proches, des enfants, de ma grand-mère quand elle en avait le loisir. Ici Alexandre improvise une balançoire pour ses petites soeurs
J'aurais souhaité une collection de mains plus évidente, avec les mains de mon oncle adulte, assez comparables : mains de tailleur de pierres (Jan), de sculpteur (Josef), de futur bâtisseur (Alexander), impressionnantes.
Le Père Kalina a construit sa maison des Agac - accacias en slovaque -, avec l'aide de collègues ;
elle intègre naturellement des pierres taillées par lui - tant à l'extérieur, sur la terrasse et dans le muret ajouté des années
plus tard, qu'à l'intérieur pour la cheminée.
Jan a vécu fort longtemps pour quelqu'un de cette profession : les poumons attaqués par la silicose, son hygiène
de vie des plus strictes l'a sans doute sauvé d'une fin précoce.
- mais il reste tant à déchiffrer sous les cals de tes mains, Stary Otec...
... A suivre ?