MI-PENTE, MI-RAISON

Les vallées vous sont familières, l'altitude un peu... mais connaissez-vous la zone du milieu ? A mi-pente, en des sites tout proches et cependant invisibles, le merveilleux vous frôle et vous l'aviez à peine perçu.

C'est un léger grain de sable, un sédiment de l'enfance, sans doute, logé dans un coin de la cervelle. L'impulsion de percevoir une danse, un mouvement de connivence ou de menace, dans le lent balancement des épicéas, un choeur immense et lointain dans le bruit du vent parmi les branches, de prêter attention au folaton
(*) qui rôde près du talus auquel s'adosse la maison - autant de signes que l'on perçoit sans en saisir le sens, captif d'un ailleurs, proche mais évanescent. La montagne comme épicentre d'un réseau de sens et de liens tous azimuts, se réinvente ainsi en permanence, vibrante d'univers passés, présents et en gestation, de ce qu'elle est dans la réalité et dans les possibles qu'on lui prête.


  • Accueil en Haaaaaut...! | octobre 2004 | Ecrivez-moi : anne-so@samizdat.net | Accueil En vrac |


    Folaton : farfadet alpin, qui vit aux abords des maisons. On obtient sa bienveillance en échange d'une écuelle de lait, de quelques restes. Ne jamais le décevoir ou chercher à le surprendre... on s'exposerait alors à des désagréments dont le spectre très large s'étend de la mauvaise farce - animaux échappés, lait tourné, objets disparus... - au cataclysme de type avalanche meurtrière (voir par ex. SAMIVEL, "le Servant d'Armance" in Hommes, cîmes et dieux, Artaud, et peut-être la mésaventure de quelque malheureux habitant des Bois(**)). J'en ai connu deux, aux Moussoux (Chamonix), qui venaient manger à la fenêtre de la cuisine, opportunément située au ras du sol. L'un, brun avec une queue à bout noir était très timide. L'autre était un chanteur hors pair en costume lustré, qui répondait en répétant ce qu'on lui sifflait...


    Creative Commons